Pablo Escobar était le plus grand et le plus dangereux narcotrafiquant de l’histoire, dirigeant le sinistre cartel de Medellin, en Colombie. Son fils, 37 ans, vient de publier un livre dans lequel il raconte que son père lui a donné une éducation stricte, lui inculquant le respect de l’être humain, l’honnêteté absolue, lui enjoignant de vivre uniquement avec l’argent de son labeur et de ne pas toucher à celui des autres. A sa mort en 1989, Escobar était considéré par le magazine Forbes comme la 7e septième fortune du monde. Mais ses enfants — il avait également une fille — n’ont pas hérité d’un centime. Généralement, tous les mafiosos ont la même attitude avec leur progéniture que celle du parrain colombien. Le phénomène mafia s’est également développé en Algérie. Il a même un nom spécifique : mafia politico-financière, expression sortie par Sid-Ahmed Ghozali, à l’époque où il était Premier ministre. Il savait ce qu’il disait. Elle était au pouvoir et a développé depuis ses tentacules pour gangrener tous les rouages de l’Etat.
Cette mafia a une particularité : contrairement à Escobar, ses parrains ont appris à leurs enfants comment accaparer illégalement des marchés, comment faire de l’entrisme dans l’administration, comment corrompre les gens, comment faire du chantage, comment exercer des pressions, bref l’ arsenal du petit voyou qui deviendra grand. Les pressions s’exercent souvent en bandes organisées. C’est, semble-t-il, ce qui a entraîné la mort du wali de Annaba, Mohamed Mounib Sendid. Sa crise cardiaque ne serait pas le fait du hasard. C’était un énarque très rigoureux qui faisait le maximum pour faire respecter l’administration et l’Etat de droit. Malheureusement pour lui, il est tombé sur une mafia locale très bien protégée et qui n’avait ni froid aux yeux ni peur de l’impunité tant ses protecteurs étaient puissants. La rumeur, invérifiable malheureusement, dit qu’il a subi des pressions à propos de réserves foncières et a été humilié parce qu’il avait refusé de se plier à des injonctions malsaines. Des noms circulent, d’ailleurs, sur le groupe qui se serait érigé en maître du crime organisé dans ce qui était notre capitale de la sidérurgie. Quatre partis politiques au moins demandent une commission d’enquête sur la brutale disparition du wali et même la société civile, à Annaba, s’apprête à manifester pour connaître la vérité et châtier les coupables. Le pouvoir est comme paralysé avec cette histoire. Il est incapable de donner une quelconque réponse. Preuve en est que l’Etat algérien est en totale déliquescence et qu’il est incapable de faire quoi que ce soit face aux agissements de malfrats locaux. C’est une situation voulue par Abdelaziz Bouteflika qui a affaibli les institutions de l’Etat, qui a ramené des ministres sulfureux et des individus qui étaient des moins que rien et qui se retrouvent aujourd’hui avec des résidences à Paris, en Espagne et en Angleterre. Maintenant que le pétrole est au plus bas, le roi sera plus que nu. Mais c’est le peuple qui paiera l’addition. La descente aux enfers de l’Algérie se poursuit inexorablement et les responsables du crime continuent de trôner.